(Je suis allée le voir à Marseille l'an dernier, j'ai passé un moment très agréable. J'aime le théatre, les masque, les comédie satyriques. Je vous laisse découvrir. Bonne visiste
)
La visite de la vieille dame
de Friedrich Dürrenmatt, traduction de Jean-Pierre Porret, mise en scène Omar Porras
Théâtre du Gymnase 4 rue du Théâtre Français 13001 Marseille
Images hautes en couleurs, fausse naïveté, vraie poésie, magie des lumières, folie des costumes, féerie de masques, excellence des comédiens... Omar Porras tire un spectacle flamboyant entre tragédie et comédie, entre génie plastique et magie de la machinerie théâtrale.
« Le monde a fait de moi une putain, je ferai du monde un bordel » lance la vieille dame. Lorsque la milliardaire Clara Zahanassian, dans ses voiles et dentelles de veuve, descend du train, après 45 ans d’exil, tous les habitants lui réservent un accueil aussi somptueux que leur misère le permet. La ville est ruinée, les habitants au chômage. Partie sous les moqueries et les insultes de ses concitoyens parce qu’elle avait le ventre rebondi, Clara revient pour se venger d’Alfred III, son ancien amant qui l’avait éconduite, trahie et abandonnée. « Je vous donne cent milliards et pour ce prix je m’achète la justice », cent milliards contre la tête d’Alfred III. Mais quel est le vrai visage de la justice dans La visite de la vieille dame où une femme outragée réclame vengeance, où justice, civisme et honnêteté arborent le masque de la cupidité ? Tout d’abord horrifiés, les habitants cèdent progressivement à la tentation de la prospérité.
Le grotesque est le visage d’un monde qui a perdu la face. L’art d’Omar Porras est de faire feu de toutes les possibilités qu’offrent les techniques de la lumière et du son, et celle beaucoup plus ancienne d’un simple masque. Le Teatro Malandro a toujours utilisé les masques, maquillages et coiffures, les cornes et autres couronnes de lumière il y a une trouvaille à la minute. Le masque exagère le nez qui devient protubérant, laissant aux yeux et à la bouche la liberté de mouvement et d’expression. La visite de la vieille dame étonne et fascine notamment grâce au mystère qu’il crée. Qui se cache et se révèle en même temps, derrière le nez carrément crochu et la perruque neigeuse de la Vieille Dame ?
Une folie baroque. Colombien de Bogota, Omar Porras se forme à la danse et au théâtre en Amérique latine d’abord, en Europe ensuite. Il ouvre à Genève un centre de création et de formation : le Teatro Malandro. Baroque latino américain son théâtre regarde aussi vers le théâtre balinais, indien et japonais. Il travaille l’art de la marionnette, de la musique et de la danse, une gestuelle entre cirque et coryphée. En tant qu’acteur il a joué dans presque toutes ses pièces. On connaît à présent sa folie et son imaginaire baroque, qui entre en pleine résonance avec la force tragique de Noces de Sang, avec le rêve et l’utopie de Ay ! QuiXote. Emperruqué, hilare et travesti dans ses dentelles, il incarne ici la vieille milliardaire.